Qui n’a pas rêvé d’écrire ce qu’il avait besoin d’écrire, le plus sereinement possible, et sans se poser… plus de questions que NECESSAIRE ? Surtout dans le cadre professionnel, où nos écrits sont susceptibles d’être lus par plusieurs personnes aux sensibilités, positions hiérarchiques, enjeux et standards très différents… 

Les bonnes questions pour écrire, c’est par exemple quel est mon objectif avec cet écrit ?quel message je veux que mon interlocuteur retienne ?, quel est notre historique commun ?, quelle est sa connaissance du sujet ?… et les mauvaises questions, ça pourrait être Et s’il me trouve nul ? et si j’écris un texte inepte? et si je laisse des fautes d’orthographe ou que je vexe quelqu’un ? 

Lorsque l’on se pose toutes ces questions à la fois, pas étonnant que l’écriture – par exemple de ses mails professionnels – puisse être une corvée. Ecrivaine, formatrice et « accompagnante » d’écrits professionnels depuis l’an 2000, je vois entrer dans ma salle de formation des collaborateurs d’entreprises, soit anxieux, soit désabusés et découragés concernant tout ce qui concerne l’écrit dans le cadre de leur travail. 

Comme je le fais pour eux, je me propose de vous offrir l’outil #1 pour faire tomber la pression lorsque vous écrivez un texte à enjeu. 

La pression à qui ? Hé bien, à votre cerveau en premier lieu. 

Car le principal facteur qui rend l’écriture difficile, c’est que nous demandons à notre cerveau d’effectuer plusieurs tâches à la fois : à la fois, il se demande

  • 1. qu’est ce que je vais dire ? (trouver et rassembler les idées),
  • 2. dans quel ordre est-il judicieux de le dire ? (ordonner ses idées)
  • 3. comment je le dis – (choisir les mots, le registre de langage adaptés).

Si notre cerveau est capable d’effectuer une infinité de tâches complexes et très variées, il préfère qu’on lui en demande une seule à la fois. 

C’est pourquoi je vous propose, très simplement mais encore fallait-il y penser, de découper votre processus d’écriture en trois temps

1. Préparer 2. Rédiger 3. Relire

Vous m’en donnerez des nouvelles. Voilà comment je procède et vous invite à procéder. 

1. Préparer votre écrit – c’est la partie amont, celle où vous écrivez sur votre cahier, sur un bout de papier, peu importe si ce n’est que ça doit être pratique et agréable.

Par écrit, pour vous-même, formulez votre objectif, que voulez-vous que votre ou vos lecteurs fassent après avoir lu votre message ; rassemblez vos idées et arguments – qu’ai-je envie, besoin de leur dire ? ; puis, triez vos arguments – lesquels sont utiles, lesquels inutiles, lesquels nuisibles, au regard de votre objectif ; et enfin, si vous le désirez, rédiger un plan au brouillon – d’abord j’écris cette idée qui est la plus importante, puis celle là, puis cette dernière.

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Le cerveau à l’œuvre dans cette première étape est le cerveau stratégique (quel est mon objectif), puis le cerveau créatif (trouver des idées), puis le cerveau stratégique de nouveau (discriminer et ordonner les idées).

Muni de cette première étape, vous ne faites plus face à la page blanche :

Vous avez déjà vos premières idées, vous savez où vous allez.

2. Rédiger – c’est le moment d’écrire votre texte en faisant de votre mieux – sans vous auto-censurer ni vous critiquer ni vous laisser intimider par vos peurs : vous savez en effet que vous allez, dans un troisième temps, relire, et cette relecture est votre filet de sécurité. 

Donc, comme la partie critique de votre cerveau relira ce texte un peu plus tard, et fera tous les ajouts, tous les retranchements, tous les déplacements de mots ou de paragraphes, toutes les corrections nécessaires – votre seul travail à ce stade de la rédaction est de laisser le texte s’écrire. 

Prenez appui si nécessaire sur votre plan ou sur votre liste d’idées. 

Je ne vous le cache pas : la plupart d’entre nous avons du mal à « seulement écrire », sans chercher à « écrire parfaitement du premier coup ». Bon, mais c’est cela que je vous engage à faire dans cette deuxième étape : écrire de votre mieux, en sachant que l’editor in chief (vous, plus tard) pourra critiquer et amender tout ce qu’il veut, une fois que vous aurez écrit le texte. Et pour qu’il puisse se faire plaisir – faire son travail ! vous devez avoir d’abord écrit le texte. Donc, écrivez-le, en faisant taire les critiques qui se font jour dans votre tête – le chief editor fera son boulot, vous pouvez avoir confiance, et même vous l’entendez trépigner dans son bureau. 

Lorsque vous écrivez, c’est votre cerveau créatif qui prend la main. Le critique veut s’incruster, mais il n’a pas la main. Vous la lui donnerez en temps voulu. 

Temps voulu que voilà. 

3. Relire : L’un des avantages de l’écrit, c’est que vous pouvez laisser reposer un texte aussi longtemps que nécessaire entre sa rédaction et sa relecture. 

Car oui, tous les textes à enjeu doivent être relus APRES UN TEMPS DE REPOS. 

Première règle d’or : plus l’enjeu d’un texte est important à vos yeux, plus vous devez le laisser reposer. (Et donc, si un jour, comme ça nous arrive à tous, vous répondez du tac au tac à un mail qui vous énerve, de grâce, attendez quelques heures pour le relire et  décider (ou pas) de l’envoyer. 

2ème règle d’or : le temps de repos entre écriture et relecture, c’est au moins 5 minutes. Et pendant ces 5 minutes, vous vous vous levez et allez faire autre chose. Ainsi, quand vous revenez, le texte n’est plus tout chaud fumant émanant de vous. Vous avez pris un peu de recul, le texte est devenu un objet dont vous avez commencé à vous distancer. 

Votre cerveau critique, qui jusque là a été muselé, peut à présent s’en donner à coeur joie. Le message est-il clair ? Toutes les infos importantes sont-elles bien au rendez-vous – et seulement les informations utiles ? Le registre de langage est-il adapté ? Le raisonnement se tient-il ? L’orthographe est-elle bonne ? Les phrases sont-elles simples, compréhensibles ? 

Chacun de nous a des tics d’écriture, et c’est le moment de les débusquer et de les corriger. Ma question préférée à ce stade, c’est Vais-je envoyer quelque chose que je risque de regretter ? Si la réponse est oui, je relis (et retravaille mon texte encore un petit coup). 

Bon, et pour les perfectionnistes de chez perfectionnistes, ça peut être utile de vous fixer un délai pour envoyer votre mail, et un nombre de relectures maximales ! 

Un autre truc qui marche pour améliorer son texte au moment de la relecture, c’est de solliciter l’avis de l’un de vos collègues. Choisissez-en un sympa, qui peut vous aider et ne va pas vous enfoncer, en lui posant la question que vous vous posez (est-ce clair ? ou bien, tu as compris quoi ? ou bien, tu peux m’aider à corriger l’orthographe ? Bref, aiguillez-le et aidez le à vous aider. 

Voilà, vous savez (presque) tout. 

Couper en trois le processus peut paraitre contreproductif si on veut gagner du temps, mais quand vous demandez une seule chose à la fois à votre cerveau, il est bien plus rapide ! Plus performant ! De plus, ce découpage du processus en trois parties est susceptible de vous éviter des incompréhensions de la part de vos interlocuteurs, des allers et retours, des retards de réponse, des brouilles… 

Être compris du premier coup, ça fait gagner un temps précieux !