Un précédent article réhabilite les émotions comme éléments constitutifs de notre performance et de notre bien-être. Mais que faire quand les émotions sèment la zizanie dans tout notre être, avec des impacts négatifs sur notre environnement ? Passons aux clés pour gérer nos émotions dysfonctionnelles !

Pourquoi les émotions peuvent-elles être dysfonctionnelles ?

Les neurosciences ont mis en valeur deux voies d’activation de l’amygdale, siège de nos émotions. C’est bien de les avoir en tête parce qu’elles permettent de prendre du recul pour gérer ses émotions.

La voie courte : elle active directement l’amygdale, sans passer par le cortex préfrontal (plus cognitif ou raisonné que l’amygdale). La voie courte entraîne une réponse émotionnelle plus ou moins pertinente en fonction de la réalité du stimulus.

Elle est essentielle à l’adaptation face à des dangers véritables (peur), des deuils réels (tristesse), des échecs (colère), des réussites reconnues (joie). La voie courte risque en revanche de déclencher des émotions dysfonctionnelles face à des stimulus qui ne la justifient pas. L’exemple récurrent est celui du manager colérique qui réprimande durement ses salariés de manière continue. Ce manager ne sait pas gérer ses émotions et cette colère dysfonctionnelle induit des cercles vicieux. Le manager peut être en colère parce que l’équipe n’atteint pas la performance attendue mais le manager ne sait pas exploiter sa colère pour la rendre constructive : travailler ensemble pour identifier comment faire autrement pour atteindre la performance.

La voie longue : elle active d’abord le cortex préfrontal.

Cette zone est responsable des fonctions cognitives supérieures chez l’être humain : mémoire de travail, traitement linguistique, abstraction, apprentissage, … C’est le centre de contrôle d’un individu y compris dans la résistance à la tentation, bref, le contrôle des émotions. En cas de voie longue, le stimulus est donc d’abord traité de façon cognitive avant d’être renvoyé à l’amygdale. Bien entendu, la voie longue peut dans certaines situations, être dysfonctionnelle : par exemple, sur un chantier, un ouvrier voit le danger menaçant son équipier. Si son cortex préfrontal s’active, il va analyser la situation au risque de ne pas avoir le réflexe de sauver son collègue.

Mais la voie longue reste le canal privilégié pour gérer ses émotions dysfonctionnelles. Dans le cas cité plus haut, il s’agit pour le manager de prendre du recul :

  • Analyser ce qui provoque la colère (une émotion est toujours légitime)
  • Identifier en quoi les comportements qu’elle induit sont inadaptés et agir en conséquence.

Gérer ses émotions dysfonctionnelles : l’intelligence émotionnelle.

Gérer ses émotions revient à activer son intelligence émotionnelle. Le mot intelligence vient du latin intellĕgō qui veut dire : discerner, démêler, comprendre, remarquer. Le sens étymologique de l’intelligence est ainsi de « choisir entre» ou « relier des éléments entre eux ». Il y a de multiples définitions de l’intelligence mais celle-ci est particulièrement utile pour gérer ses émotions.

Ainsi, Peter Salovey (Psychosociologue américain -1958) et John Mayer (Psychologue de la personnalité américain) définissent l’intelligence émotionnelle grâce à 4 compétences de base : la compréhension, l’identification, l’expression et la régulation des émotions.

Pour gérer ses émotions il est donc indispensable de pouvoir comprendre leur fonction, les identifier, dans un premier temps.

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Sans cela, il est difficile de gérer ses émotions jusqu’au bout, à savoir de pouvoir les exprimer d’une manière adaptée et les réguler au besoin.

De nombreuses techniques existent pour gérer ses émotions dysfonctionnelles : techniques psychocorporelles, méditation, etc.

Sur le registre de l’expression à visée régulatrice, la plus puissante est la Communication Non Violente de Marshall Rosenberg. Mais finalement, la CNV suit le cheminement proposé par Salovey et Mayer. Avant d’exprimer une demande, la CNV nous invite à :

  • Nommer l’émotion (identification)
  • Préciser le BESOIN fondamental associé à l’émotion (compréhension)

Réguler consiste à ajuster un fonctionnement qui n’est pas adapté. Lorsqu’on a piqué plusieurs coups de colère en tant que manager et après avoir faire preuve d’ouverture sur le fait que c’est une émotion qui n’est pas gérée, le manager peut commencer à travailler :

  • Métacommuniquer avec son équipe, présenter ses excuses, préciser le caractère excessif de l’émotion exprimée, etc.
  • Faire une demande à son équipe en lien avec le BESOIN fondamental associé à son émotion : par exemple s’organiser ensemble pour être plus performant.

Une autre façon de gérer ses émotions consiste à les anticiper et à les atténuer, par exemple, en ne s’exposant pas à l’événement déclencher, ou encore, en s’offrant un coaching pour travailler ses croyances limitantes.

A vous de voir ce qui vous semble le plus adapté. En tous les cas, sachez que développer son vocabulaire émotionnel est déjà une bonne voie pour gérer ses émotions. La roue de Plutchik (psychologue américain) est facile d’accès pour développer le vocabulaire des émotions !