Aujourd’hui, l’organisation du travail en mode projet dans les entreprises a généralisé l’utilisation de nombreux outils qui permettent au manager non hiérarchique d’articuler les différentes dimensions du projet et d’en suivre le déroulement au plus près. Mais ces outils performants ne sont pas garants de la réussite car ce qui manque le plus souvent, d’après les témoignages des équipes, c’est la dynamique collective, la motivation de chacun, voire l’envie de réussir ensemble…

La philosophie « carotte et bâton »

La carotte et le bâton ont longtemps représentés les symboles de ce qui permet de mettre les personnes en action au travail. La stratégie « carotte et bâton » est une manière appauvrie et inexacte de « penser » une stratégie de motivation.

Nous n’avançons pas simplement pour recevoir une récompense ou éviter des coups.

Le travail punition-récompense, carotte et bâton, se résume à vivre le travail comme une obligation, inapte à nourrir nos besoins profonds et à donner accès à certaines satisfactions, lesquelles ne pourront se rencontrer qu’en dehors du travail.

Aussi la première question que je peux me poser en tant que manager non hiérarchique est la suivante : qu’est-ce que la motivation ?
Comment se manifeste-telle ? Comment la faire émerger, la maintenir, la développer ?

Pour pouvoir motiver les autres, il nous faut d’abord nous intéresser à ce qui nous motive, nous, car

on ne peut motiver les autres qu’à la condition de connaître les moyens de se motiver soi-même.

De quoi est faite l’expérience « être motivé » ?  Comment êtes-vous quand vous êtes motivé ?

Par exemple vous pouvez vous souvenir d’une expérience très positive, une situation professionnelle dans laquelle vous vous sentiez complètement engagé, plein de ressources et d’idées …

Tout d’abord vous pouvez remarquer que l’état « être motivé » se manifeste par des émotions positives : plaisir, enthousiasme, énergie… La motivation est donc d’abord ressentie dans le corps, comme le signifie d’ailleurs le mot « enthousiasme » qui vient de l’expression « en theo » c’est-à-dire le dieu intérieur !

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Motiver les autres, c’est leur donner l’occasion d’éprouver, de partager des émotions positives et nourrissantes, le plus souvent possible.

Or, ce qui provoque des émotions positives, c’est le fait de satisfaire des besoins.

De votre point de vue, quels besoins étaient nourris dans cette expérience de référence où vous étiez particulièrement motivé ?

Si vous y regardez de plus près, il est probable que de nombreux besoins, essentiels pour vous, étaient satisfaits dans cette expérience.
Peut-être …

  • aviez-vous besoin de changement, de nouveauté, de vous dépasser dans un nouveau challenge
  • cette expérience vous a apporté la reconnaissance de vos compétences, de votre personne, de la part de hiérarchiques ou/et de collègues
  • avez-vous partagé cette expérience avec un groupe, une équipe que vous appréciez et dont vous partagiez les valeurs
  • fonctionniez-vous dans un cadre sûr, sans ambiguïté de responsabilité et de pouvoir, avec des objectifs clairs…

Ce qui mobilise l’être humain c’est avant tout de satisfaire ses besoins ; nos aspirations dépassent de beaucoup la seule satisfaction de nos besoins vitaux. Une multitude de nécessités plus « psychologiques  » nous poussent à bouger, à entreprendre, à nous investir : besoin de reconnaissance sociale, d’accomplissement, d’apprentissage, de relations, de partage, d’autonomie…

A contrario, quelles sont les conditions de la démotivation?

Si vous observez l’expérience « être démotivé » – à travers l’exemple d’une situation professionnelle où vous vous êtes retrouvé sans énergie, sans envie de faire –  vous observerez probablement qu’il vous manquait dans cette expérience certaines choses essentielles, lesquelles correspondent à des besoins fondamentaux non nourris.

Voici quelques éléments susceptibles de démotiver :

  • ne pas être entendu, ni considéré, sur un sujet, un dossier qui nous concerne, nous intéresse, et pour lequel nous nous estimons compétent,
  • être isolé au sein d’une équipe, travailler dans une « mauvaise ambiance »
  • ne pas pouvoir faire confiance, que l’on ne nous fasse pas confiance
  • fonctionner dans le flou, ne pas comprendre ou de ne pas voir l’intérêt de ce que l’on nous demande
  • avoir l’impression de perdre notre temps
  • avoir mis la barre trop haut et de se retrouver en zone de risque, manquer de soutien
  • être sous stress chronique, ou s’ ennuyer dans des terrains trop connus…

Vous pouvez aussi ressentir l’empreinte émotionnelle de la démotivation : lourdeur, ennui, lassitude, déception, agacement, irritation, procrastination, mise en retrait… Car nos besoins non satisfaits vont se faire entendre à travers leur cortège d’émotions négatives.

On ne motive pas, on crée les conditions d’expression de la motivation ou de la démotivation.

En tant que manager non hiérarchique, il est de votre responsabilité de susciter et provoquer l’engagement. Motiver, c’est provoquer enthousiasme et implication chez les autres.

 

Sylvie Sarda