La culture d’entreprise inclusive va au‑delà d’un programme ponctuel ou d’actions ciblées en faveur de la diversité ou de l’égalité des chances. Elle suppose une transformation globale et durable des pratiques managériales, des processus RH et des modes de collaboration. Une transformation qui débouche sur un environnement de travail positif où la diversité et l’égalité guident réellement l’ensemble des décisions prises, les opportunités offertes et le quotidien au travail.
Les bénéfices d’une culture inclusive sont multiples pour l’entreprise et les collaborateurs. Elle renforce l’image de marque employeur, elle peut influencer le taux de turnover, attirer et fidéliser une plus grande diversité de talents. Sur le plan individuel, elle favorise l’engagement, le sentiment d’appartenance et le bien‑être au travail.
Encourager l’inclusivité nécessite toutefois la mise en place d’un cadre précis incluant notamment des processus rigoureux en matière de recrutement et de promotion équitables. Un environnement de travail inclusif suppose souvent l’adaptation ou l’aménagement des conditions de travail. La démarche doit être participative afin de favoriser l’adhésion des équipes. L’exemplarité de la direction, l’engagement des dirigeants, la formation continue des managers, la prise en compte des retours du terrain et la gestion rapide des situations discriminatoires sont essentielles.
Comment sensibiliser à l’inclusion au travail ? Quels sont les obstacles à l’inclusion au travail et comment les surmonter ? Cet article reprend en synthèse les meilleures pratiques pour adopter une culture de l’inclusion et promouvoir un environnement de travail inclusif.
A découvrir dans cet article
- Une culture d’entreprise inclusive renforce l’engagement des employés et l’attractivité de la marque employeur.
- L’inclusion nécessite la mise en place de processus rigoureux et un engagement fort des dirigeants pour être efficace.
- Adopter une stratégie d’inclusion valorise la diversité et favorise un environnement de travail positif et équitable.
La diversité en entreprise, premier pas vers une culture d’entreprise inclusive
Une culture d’entreprise inclusive englobe plusieurs dimensions de la diversité.
- Elle reconnaît les différences d’origines culturelles, ethniques ou sociales.
- Elle intègre l’équilibre des genres à tous les niveaux.
- Elle prend en compte les situations de handicap, visible ou invisible.
- Elle accueille les différentes orientations sexuelles et identités de genre.
- Elle valorise la pluralité des parcours professionnels.
- Elle considère les différents âges comme des atouts complémentaires.
L’inclusion va cependant bien au-delà de la diversité. Une organisation peut en effet être diverse sans être inclusive. Si elle veut instaurer une culture d’entreprise inclusive, elle doit créer les conditions nécessaires pour intégrer ces différentes dimensions dans son fonctionnement et ses pratiques managériales.
De la sorte, l’inclusion se manifeste dans le quotidien des collaborateurs. Chacun peut exprimer ses idées sans crainte. Les décisions valorisent toutes les contributions. Les opportunités d’évolution s’ouvrent équitablement à tous. Chacun se sent légitime, respecté, soutenu et reconnu dans son unicité et pas seulement « autorisé » à être différent.
Les fondements d’une culture inclusive
Une culture inclusive repose sur des valeurs explicites et partagées qui permettent à chaque personne de se sentir légitime dans son rôle, de pouvoir être pleinement elle-même au travail, sans masquer une partie de son identité.
- Le respect et la reconnaissance : chacun est valorisé dans sa singularité et les différences deviennent des forces complémentaires.
- La confiance mutuelle : autorise la liberté d’expression et crée un espace où il est possible de partager ses idées sans autocensure.
- L’équité : les décisions et pratiques s’adaptent aux besoins spécifiques, au-delà d’une égalité de traitement stricte.
- La sécurité psychologique : l’expression des différences se fait dans un climat sans moquerie ni stigmatisation.
- L’ouverture et l’écoute : permettent de questionner ses propres biais et de faire évoluer sa vision au contact des autres.
- L’exemplarité : les personnes en position de responsabilité incarnent ces valeurs et les font vivre au quotidien.
De multiples bénéfices pour l’entreprise et son personnel
Les recherches académiques montrent qu’il n’existe pas de lien de cause à effet systématique entre inclusion et performance économique. En fonction du secteur d’activité, de la culture organisationnelle ou du type de tâches, par exemple, les résultats peuvent varier d’une entreprise à l’autre.
Cependant, plusieurs effets positifs sont documentés. Un climat d’inclusion favorise notamment l’innovation et l’attractivité, la réduction du turnover, l’engagement et l’initiative des collaborateurs.
Sources : Holmes et al. (2021), méta-analyse de 25 ans de recherche
Innovation et créativité
Des équipes aux profils variés abordent les problèmes sous des angles différents et identifient des solutions que des groupes homogènes n’envisagent pas. Toutefois, la diversité ne suffit pas. Pour bénéficier de l’effet positif sur l’innovation et la créativité, les organisations doivent aussi créer un environnement où chacun ose faire des propositions et où les idées circulent librement entre les niveaux hiérarchiques. C’est cette combinaison qui nourrit l’intelligence collective et peut contribuer à plus d’innovation et de créativité.
Sources : Ashikali & Groeneveld (2021), Review of Public Personnel Administration
Attractivité de la marque employeur
Selon une enquête menée en avril 2024 par BVA People Consulting et AFL Diversity auprès de 1 023 salariés français, 82% sont attentifs aux engagements sociaux d’une entreprise lors de leur recherche d’emploi. Une culture inclusive attire des talents de toutes les générations. Les organisations inclusives élargissent ainsi leur vivier de recrutement et accèdent à des compétences qu’elles auraient manquées sans cette ouverture à la diversité des profils et cette attention portée à l’inclusion de chacun.
Source : Enquête BVA People Consulting et AFL Diversity, avril 2024
Rétention des talents
La recherche montre que le climat d’inclusion constitue l’un des facteurs influençant la rétention des talents. L’enquête BVA People Consulting et AFL Diversity souligne d’ailleurs que 41% des salariés pourraient démissionner s’ils se sentent en désaccord avec les valeurs de leur organisation.
Puisque la rétention des talents réduit les coûts de recrutement, préserve les compétences et la mémoire organisationnelle, stabilise les équipes et renforce leur efficacité, il est dans l’intérêt des organisations de cultiver activement une culture d’entreprise qui favorise la diversité et l’inclusion.
Sources : Holmes et al. (2021), méta-analyse ; Enquête BVA/AFL Diversity avril 2024
Engagement, motivation et bien-être
Un collaborateur qui se sent inclus s’engage davantage. Il prend des initiatives, dépasse ses missions strictes et se sent responsable du succès collectif. Le bien-être découle de la possibilité d’être pleinement soi-même sans masquer une partie de son identité, ce qui réduit la charge mentale et le stress. Ce climat favorable se traduit par une baisse de l’absentéisme et une amélioration de la santé mentale des équipes.
Les leviers RH pour favoriser l’inclusion dans le monde du travail
Une culture d’entreprise inclusive se construit à travers des leviers RH structurants, un management engagé et une transformation culturelle profonde. Cette construction exige une approche systémique qui dépasse les mesures ponctuelles.
Recrutement : prévenir les discriminations
Tout commence par les processus de recrutement qui doivent garantir une évaluation fondée exclusivement sur les compétences. Différentes pratiques réduisent les biais inconscients et préviennent les discriminations. Par exemple,
- l’anonymisation des CV pour éliminer les critères non pertinents,
- les grilles d’évaluation structurées avec critères identiques pour tous les candidats,
- les questions d’entretien standardisées ou les tests de compétences en conditions comparables,
- la participation de plusieurs évaluateurs aux décisions finales pour limiter les jugements individuels biaisés.
La recherche de candidats s’élargit au-delà des canaux traditionnels. L’entreprise peut notamment envisager des partenariats avec des associations d’insertion, participer à des forums emploi spécialisés, diffuser ses offres d’emploi sur des plateformes ciblant des publics diversifiés. Des offres qui utilisent au demeurant un langage inclusif et mentionnent explicitement l’engagement contre les discriminations.
Rémunération : garantir l’équité salariale
L’index égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, obligatoire depuis 2019 pour les entreprises de plus de 50 salariés (loi du 5 septembre 2018), mesure les écarts de rémunération, les taux d’augmentation et de promotion. Cette démarche qui contribue à plus d’équité salariale mériterait d’être étendue à toutes les dimensions de la diversité pour identifier et corriger les inégalités liées à l’âge, l’origine, le handicap ou tout autre critère de discrimination défini par la loi.
Évolution professionnelle : ouvrir les parcours
Les opportunités d’évolution s’ouvrent équitablement à tous par des processus formalisés : publication interne des postes à pourvoir, critères de sélection transparents, entretiens structurés, accompagnement accessible à tous.
Les plafonds de verre qui freinent encore les parcours des femmes, des personnes issues de minorités ou en situation de handicap doivent être identifiés et démantelés.
Formation : développer une culture inclusive
La sensibilisation aux biais inconscients est une première étape pour garantir le développement d’une culture inclusive. Elle aide chaque collaborateur à identifier ses préjugés et à comprendre comment ils influencent ses décisions. Cette prise de conscience ne suffit pas en soi, elle doit aussi s’accompagner d’actions concrètes et d’un suivi dans le temps pour transformer les comportements.
Structurer une démarche d’inclusion exige des compétences spécifiques qui permettent, par exemple, de comprendre les situations de handicap, appréhender les expressions culturelles diverses ou saisir les enjeux intergénérationnels. Des formations comme « La diversité et l’inclusion en entreprise » permettent aux professionnels RH et aux managers d’acquérir les méthodes et outils pour déployer une politique inclusive efficace et durable.
La diversité et l’inclusion en entreprise
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D’autres initiatives possibles pour créer une culture inclusive
En plus de ces leviers structurants, l’employeur peut aussi envisager toute une série de mesures en termes d’organisation et de communication en interne.
- Aménagements du temps et de l’espace.
L’organisation du travail s’adapte aux besoins diversifiés : télétravail partiel, horaires flexibles, aménagements pour les aidants familiaux. De même, les aménagements de l’espace de travail (rampes d’accès, adaptation des postes pour les situations de handicap, espaces de repos, salles de prière ou de recueillement, zones silencieuses) montrent la prise en compte de toutes les diversités. - Réseaux internes.
Les groupes de ressources rassemblent des collaborateurs autour de dimensions communes de la diversité. Ces groupes offrent un espace de soutien mutuel, portent des propositions d’amélioration, participent aux réflexions stratégiques. Ils fonctionnent comme des ressources pour l’organisation. Des référents et des ambassadeurs diversité et inclusion peuvent être désignés pour animer les réseaux, conseiller les managers, accompagner les situations individuelles. Ils se recrutent dans tous les métiers et tous les niveaux hiérarchiques. Ils incarnent les valeurs, inspirent par l’exemple, facilitent les changements de pratiques. - Communication interne engagée
La communication interne rend visibles les actions menées, valorise les initiatives des équipes, partage les témoignages de collaborateurs. Cette transparence nourrit la confiance. Elle évite un décalage possible entre le discours officiel et la réalité vécue par l’employé.
Gouvernance et rôle du management
L’inclusion devient une priorité stratégique lorsque la direction s’engage concrètement. Le comité de direction intègre ces enjeux dans ses décisions, alloue les ressources nécessaires et suit régulièrement les indicateurs de progrès. Sans cette impulsion au plus haut niveau, les actions menées manquent de légitimité et restent marginales.
Cette responsabilité implique aussi de communiquer en toute transparence sur l’avancement des mesures décidées, les progrès réalisés et les obstacles qui persistent. La direction accepte en d’autres termes de rendre des comptes sur les résultats obtenus.
Si la direction impulse, le management de proximité incarne. Les managers façonnent l’expérience quotidienne des équipes par leur leadership, leur exemplarité et leurs décisions. Ils créent un environnement de sécurité psychologique où chacun peut s’exprimer, valorisent les contributions individuelles, adaptent leur approche aux besoins spécifiques et prennent des décisions équitables et transparentes.
Ces compétences managériales ne s’improvisent pas. Elles se développent par l’accompagnement, la formation et le partage de pratiques entre pairs.
Surmonter les obstacles à l’inclusion
Transformer une culture d’entreprise prend du temps et se heurte à des résistances naturelles. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’inclusion reste parfois un concept flou pour ceux qui ne vivent pas de discriminations. Certains ne comprennent pas les enjeux, considèrent que tout fonctionne déjà correctement ou pensent que ces questions ne concernent que les RH. D’autres peuvent interpréter les mesures d’inclusion comme des avantages injustes accordés à des minorités.
Des réticences peuvent alors se manifester sous la forme d’inertie, de scepticisme ou d’adhésion de surface sans changement réel des comportements. Plusieurs solutions peuvent cependant être mises en place pour susciter l’adhésion collective.
Associer les équipes au diagnostic et aux solutions
Associer les équipes au diagnostic, à la définition des priorités et à l’élaboration des solutions favorise l’appropriation. Cette démarche participative produit des changements mieux compris et plus durables que les approches imposées unilatéralement.
Communiquer de façon claire et continue
Expliquer les objectifs de la démarche, ses bénéfices concrets et les modalités de mise en œuvre aide à lever les incompréhensions. Une communication bidirectionnelle, qui permet aux équipes de poser des questions et d’exprimer leurs préoccupations, renforce l’engagement. Partager les résultats obtenus, reconnaître les difficultés rencontrées, ajuster la trajectoire selon les retours maintient la confiance.
Inscrire l’inclusion dans la stratégie globale
L’Organisation Internationale du Travail, à partir d’une enquête menée auprès de 12 000 personnes dans 75 pays, identifie quatre principes pour un changement durable :
- Intégrer diversité et inclusion à la stratégie et à la culture d’entreprise (pas seulement une initiative RH isolée)
- Assurer une diversité au sein des instances dirigeantes
- Responsabiliser l’encadrement et le personnel par l’exemplarité
- Déployer des actions à tous les stades du parcours collaborateur (recrutement, rétention, développement)
Source : OIT – Transformer les entreprises par la diversité et l’inclusion
Former et outiller les managers
Les managers jouent un rôle central dans la réussite des démarches inclusives. Les former au leadership inclusif, à la reconnaissance des biais inconscients et à la gestion d’équipes hétérogènes leur permet d’adapter leurs pratiques quotidiennes.
Évaluer le niveau d’inclusion sur le lieu de travail
Établir des indicateurs clairs, suivre leur évolution et ajuster les actions en fonction des résultats permet d’objectiver les avancées et de maintenir la dynamique.
- Les indicateurs quantitatifs fournissent une première photographie objective. La composition des effectifs révèle la diversité des profils recrutés selon l’âge, le genre, le handicap ou l’origine géographique. Les écarts de rémunération, mesurés notamment par l’index égalité femmes-hommes créé par la loi de 2018, objectivent les disparités salariales. Les taux de promotion et de turnover indiquent si certains profils rencontrent des plafonds de verre ou quittent davantage l’entreprise.
- Les indicateurs qualitatifs captent le ressenti des collaborateurs. Les baromètres sociaux et enquêtes de climat mesurent le sentiment d’appartenance, la perception de l’équité et la reconnaissance. Les entretiens individuels et focus groups approfondissent ces perceptions et identifient des situations invisibles dans les chiffres.
- Les audits externes apportent un regard extérieur. Les labels Diversité et Égalité professionnelle certifient les pratiques mises en œuvre. Les benchmarks sectoriels permettent de situer l’entreprise par rapport à ses pairs.
Seul un tiers des entreprises mesurent actuellement leur inclusion. Pourtant, sans diagnostic précis, il est difficile de progresser.
En conclusion
Devenir une entreprise inclusive où tous les employés se sentent valorisés et respectés ne relève pas d’une initiative isolée, mais d’une véritable transformation culturelle. Cette transformation s’inscrit dans une politique RSE cohérente, avec un cadre stratégique et des objectifs mesurables qui lui donnent sens et crédibilité.
En conjuguant engagement sociétal et expérience concrète des collaborateurs, les organisations construisent un modèle durable, source d’attractivité et d’engagement, tout en assumant pleinement leurs responsabilités humaines et sociales.


