Dire non n’a rien d’aisé. Entre la peur de vexer, l’envie de faire plaisir et la pression sociale, nous acceptons bien souvent des demandes qui ne nous arrangent pas. Pourtant, il est possible d’apprendre à refuser sans blesser ni culpabiliser. La clé réside dans l’assertivité : exprimer clairement ses limites tout en respectant son interlocuteur. Cet article vous livre des techniques concrètes, des exemples de phrases et des conseils adaptés à différents contextes pour dire non sans froisser.
Assertivité et leadership
2 jours
Comprendre la notion de vexer
Avant d’apprendre à dire non, il est essentiel de comprendre ce que signifie « vexer ».
- Définition : vexer, c’est blesser quelqu’un dans son amour-propre ou sa sensibilité.
- Être vexé : c’est ressentir une offense, une humiliation ou une mise à l’écart, même involontaire.
- Origine linguistique : du latin vexare, qui signifie « tourmenter, maltraiter ». Aujourd’hui, le terme a évolué vers une dimension émotionnelle.
- Mécanismes psychologiques : la vexation survient souvent lorsque la personne se sent rejetée ou dévalorisée.
- Enjeu relationnel : un refus maladroit peut fragiliser une relation. À l’inverse, un refus bien formulé peut renforcer la confiance et le respect mutuel.
Techniques générales pour dire non sans froisser
Dire non d’abord à soi-même
Avant de savoir dire non aux autres, il faut apprendre à poser ses propres limites. Identifier ses priorités et éviter la dispersion est une étape clé. Éloigner son téléphone ou couper les notifications peut déjà constituer une manière de dire non à la distraction.
« Whatever you are, be a good one ». Cette phrase d’Abraham Lincoln hante mes jours et mes nuits, car j’ai bien trouvé ma voie – chercher et transmettre par tous les moyens possibles, enfin, surtout l’écriture et les formations ! – mais il y a plein d’autres sujets qui m’intéressent et m’appellent à me disperser. Pas une journée sans que je sois tentée de poursuivre une nouvelle idée, telle un papillon.
Pas une journée sans que j’éloigne de moi mon téléphone, miroir aux alouettes aux applis plus séduisantes les unes que les autres. La vérité est plus facile à trouver à l’extérieur de soi qu’à l’intérieur – mais le « hard work », ce n’est pas en scrollant sur son téléphone qu’on le fait.
« Je ne travaille pas avec mon téléphone à portée de main » : voilà un mantra bien utile (et qui serait utile aussi pour certains, transposé avec les verbes « dormir » , « prendre un repas », « assister à une réunion », « passer du temps avec ses aimés », « marcher dans la rue »). La bonne nouvelle est que l’on ne vexe personne en éloignant de soi sa petite machine, et n’importe lequel des autres écrans qui nous polluent.
Dire non aux interruptions : aux réseaux sociaux, aux mails et au téléphone !
Nombre de mes amis et relations professionnelles qui désirent accomplir un travail important, se sont désinscrits de leurs comptes Facebook ou Instagram, pour un temps limité ou (les fous) pour toujours. D’autres encore n’ont pas d’adresse e-mail (si si ça existe).
D’autres restreignent leur temps de mails ou de consultations de leurs applis à des créneaux précis dans la journée (une ou deux séquences de consultation et de réponse aux e-mails).
D’autres encore n’hésitent pas à se mettre sur messagerie téléphonique pendant une heure ou deux quand ils doivent accomplir un travail nécessitant concentration. Le principe de ce type de non est :
quand je ne suis pas atteignable, je suis moins sollicité, logique.
Un non ferme adressé aux réseaux sociaux, aux mails et aux appels incessants permet de protéger son temps de concentration. Fixer des plages horaires dédiées aux réponses ou utiliser une messagerie vocale sont des stratégies simples et efficaces.
Dire « oui, plus tard »
Reporter une demande permet de tester sa réelle importance. Si l’interlocuteur revient, c’est que le sujet compte pour lui.
Bon, imaginez que vous ayez ouvert la porte aux sollicitations et que vous ne désiriez pas donner suite. Le « oui, plus tard » est un bon test pour savoir si votre interlocuteur est motivé et si sa demande est vraiment importante pour lui. « Veux-tu prendre un café ? » « Ecoute, je suis charrette aujourd’hui, on se voit la semaine prochaine ? »
Si l’autre revient à la charge la semaine suivante, c’est qu’il est motivé, sinon… on a bien fait de lui dire non. Idem si vous êtes le boss et que l’un de vos collaborateurs qui fait du bon travail vous demande une augmentation, le « Oui, en mars » (alors que vous êtes en juin) permet à votre entreprise de gagner quelques mois de trésorerie, tout en gardant votre collaborateur motivé.
Assertivité et affirmation de soi
2 jours
4. Dire « oui, à telles conditions »
Lorsque l’on nous fait une demande, on n’est pas obligé d’accepter tout le package – on peut dire oui à une partie de la demande qui nous convient, et non au reste qui ne nous convient pas. « Je veux bien te remplacer demain, si tu me donnes tous les éléments et si tu me remplaces un jour où j’en aurai besoin. » « Je veux bien t’aider à rédiger ta présentation, si mon nom apparait et que tu me cites auprès du boss. »
Ce « oui à telles conditions » donne vos limites et est très responsabilisant pour l’autre.
5. Dire non… et écouter
Il y a un petit secret lorsque l’on doit refuser une demande que l’on nous fait (et l’accepter aussi d’ailleurs) : toujours garder le sourire, ou au moins une attitude d’accueil face à notre interlocuteur et à sa demande.
Si l’on accepte de rendre un service ou d’accéder à une demande qui ne nous arrange pas, soupirer comme si c’était la fin du monde ou râler nous enlève tout le crédit du service rendu. Et si l’on refuse carrément… Alors il va s’agir d’y aller avec doigté.
Voilà la technique que je vous propose de tester. Le principe de base est la devise de feu le Premier ministre anglais Disraelli : Never complain, never explain (que l’on pourrait traduire par « Ne te plains jamais, et ne te justifie jamais ».)
On vous fait une demande qui ne vous arrange pas du tout. Du style, « peux-tu revenir bosser dimanche ? ».
Je vous propose une démarche en 3 étapes :
- 1. Reformuler
- 2. Refuser clairement, sans vous justifier
- 3. Chercher ensemble des solutions.
Donc, reprenons notre exemple : votre boss vous demande de revenir travailler dimanche matin. (On vous rappelle, vous souriez).
Entrez dans l’étape 1 : la reformulation de ses propos, avec une question fermée. « Tu veux que je vienne travailler dimanche ? » « Oui » va-t-il vous répondre.
On passe alors à l’étape 2, où vous refusez, toujours calmement ET SANS VOUS JUSTIFIER (c’est cette partie qui est difficile car on est tous tentés de se justifier, or l’autre s’en fiche de ce qui nous conduit à refuser; ce qu’il veut c’est que nous l’aidions à résoudre son problème et que nous lui montrions que l’on s’intéresse à sa situation.) Donc vous répondez « Je ne peux pas venir dimanche, ce n’est pas possible ». Là il risque d’insister, de vous questionner, et là vous n’êtes pas obligé de lui donner VOS raisons car elles seront probablement moins importantes que les siennes. N’hésitez pas à être « un disque rayé » et à lui répéter que vous ne pouvez pas être présent dimanche.
A un moment, passez à l’étape 3 : la recherche COMMUNE de solutions. Vous y allez avec une question ouverte, de préférence commençant par « qu’est-ce que ? » ou « comment » ou « qui ? » ou « quand? ». Par exemple : « quelle autre solution pourrait-on imaginer ? » « comment pourrais-je t’aider autrement ? » ou « qui d’autre pourrait t’aider ? »
Assertivité pour managers
2 jours
C’est très important que vous ne proposiez pas une autre solution à votre interlocuteur (et ça aussi c’est tentant). Pour qu’il l’accepte, la solution doit venir de lui. C’est très important aussi que vous restiez avec lui tout le temps de la recherche de solution, que vous vous montriez partenaire avec lui – et que vous soyez prêt à accepter un arrangement éventuel, du genre travailler le samedi ou venir plus tôt le lundi matin !
L’exemple que je viens de vous donner est un peu extrême – c’est souvent encore plus difficile, de dire non à son boss. Mais essayez dans un contexte à moindre enjeu, essayez, faites différemment, voyez ce qui fonctionne et qui ne fonctionne pas, réajustez…
La quête du non à bon escient est longue et parsemée d’embûches ! Et personne ne peut poser nos limites à notre place.
Adapter son non selon le contexte
Situations personnelles
Dire non à un ami peut être délicat. Exemple : « Merci pour ton invitation, mais je préfère rester au calme ce soir. »
Dire à quelqu’un qu’on ne veut pas le voir nécessite tact et honnêteté : « J’ai besoin de temps pour moi en ce moment, je préfère qu’on reporte. »
Situations amoureuses
Refuser à quelqu’un qui nous aime ou dire non à un partenaire demande de la délicatesse. Exemple : « Je comprends ton envie, mais je ne me sens pas prêt(e) pour ça. »
Avec un homme, la politesse et la fermeté s’imposent : « Non, je préfère ne pas accepter, merci de ta compréhension. »
Situations professionnelles
Face à un supérieur, il s’agit de rester respectueux tout en affirmant ses limites. Exemple : « Je ne peux pas revenir dimanche, mais voyons ensemble une autre solution. »
Avec un collaborateur : « Je comprends ton besoin, mais je ne peux pas prendre cette tâche en plus. Comment peut-on s’organiser autrement ? »
Situations sociales
Refuser une invitation peut se faire sans justification détaillée. Exemple : « Merci pour ta proposition, mais je ne pourrai pas être présent. »
Variante professionnelle : « Je suis déjà pris ce jour-là, mais j’espère que vous passerez un bon moment. »
Modalités de communication
- Face à face : garder le sourire et une posture ouverte.
- E-mail : formule brève, polie et factuelle.
- SMS ou vocal : ton cordial, message simple (« Désolé, je ne peux pas cette fois-ci »).
A vous de jouer cher lecteur !
Testez l’une de ces 5 pistes dans un contexte à faible enjeu. Vous m’en donnerez des nouvelles !
Savoir dire non sans froisser est une compétence relationnelle essentielle. C’est en posant des limites claires et respectueuses qu’on gagne en sérénité et qu’on renforce la qualité de ses relations. La bonne nouvelle ? Cela s’apprend, par petits pas, en testant des formulations adaptées à chaque contexte.
Christie Vanbremeersch