Le stress est considéré comme inhérent à la fonction managériale. Mais non, même s’il a une équipe sous sa responsabilité, des objectifs à atteindre, des obstacles à surmonter, des conflits à gérer, un manager n’est pas nécessairement stressé.

Les 3 leviers principaux pour alléger le stress, voire l’éviter, sont l’autonomie, la reconnaissance et le soutien.

Voici quelques pistes pour ne pas laisser le stress s’infiltrer dans le quotidien du manager, et gagner son équipe.

1/ Accepter ses émotions

Beaucoup de managers pensent qu’ils doivent paraître invulnérables, et ne s’accordent pas le droit de parler de leurs interrogations ou de leur fatigue à leurs collaborateurs. Effectivement, s’exprimer à chaud, c’est risqué… car quand on « craque », on a tendance à se déverser sur l’autre, et le stress devient contagieux. En revanche, un manager a intérêt de parler de son ressenti en cas de surcharge, simplement, d’humain à humain. Le manager est aussi une personne au même titre que les collaborateurs. Cet échange, ce simple

je suis un peu tendu aujourd’hui parce que …

renforce le lien du manager à ses collaborateurs. Et de plus , le fait de parler de son stress fait baisser de moitié la pression qu’il génère. Double bénéfice donc: l’allègement, et la parité. N’oublions pas le devoir d’exemplarité du manager : s’il est capable d’accepter ses émotions, il incite alors ses collaborateurs à en faire de même…

2/ Créer des espaces d’expression

Après avoir accepté ses propres émotions, le manager est alors en capacité de libérer l’expression de ses collaborateurs. Personne n’aime parler des problèmes, mais les ignorer ne fera pas baisser la tension, bien au contraire. Par exemple, au lieu de commencer une réunion par l’ordre du jour (le vif du sujet), le manager peut consacrer un temps informel au bien-être de ses collaborateurs, en demandant à chacun comment il se sent, tout simplement. Cette soupape désamorce les blocages : chacun se sent reconnu, entendu, et sera plus attentif, à condition qu’une partie de la réunion soit consacrée à la recherche des solutions, comment faire pour… La régulation se pense et s’organise : quand, comment, où créer ces espaces de dialogue ?

3/ Connaître ses réactions sous stress

Lors de formation de gestion du stress, les participants apprennent à identifier ce qui les stresse, d’une part, et à connaître les effets du stress sur eux et les autres. Or chacun n’a pas le même comportement sous stress : certains crient, s’énervent sur tout le monde ; d’autres au contraire se renferment. C’est un changement ce comportement ou une intensité des réactions qui doit alerter. Le manager peut ainsi apprendre à repérer des signes de stress chez un collaborateur, et lui en parler avant qu’il ne s’ancre et crée des dysfonctionnements.

Les causes de stress sont globalement toujours les mêmes, et se résument sous les 4 lettres CINE : C comme absence de Contrôle (tout ce qui est imposé), I comme Imprévu, N comme Nouveau, E comme Ego. Repérer une cause de stress permet de ne pas s’y enliser :

C’est normal que je sois stressé, cette situation est nouvelle

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Première phase, donc : accepter. Le stress nait souvent d’une peur, ni plus ni moins, de l’inconnu par exemple. Visualiser une situation dans laquelle on a réussi alors qu’elle était nouvelle, peut permettre de sortir de l’inquiétude née d’une situation nouvelle.

4/ Repérer les signaux et débrancher

On ignore trop souvent les signaux de stress, on les ignore littéralement : soit on ne les reconnait pas, soit on refuse de les voir. Et alors s’ il nous reste deux jours pour finir un projet, on ne s’arrête pas sous prétexte d’une migraine… Et pourtant, on devrait, ne serait-ce que quelques instants. Voici quelques signaux de stress très fréquents :

  • les crispations musculaires
  • la difficulté à se concentrer sur une tâche simple
  • l’impression de « ramer »

Et à un niveau d’intensité supérieur  :

  • la perte de plaisir
  • le manque d’attrait de tout ce qui n’est pas lié au travail

Nous avons tous intérêt à élever notre niveau de conscience du stress, et à réagir à ces alertes. C’est une attitude de survie, en fait : on fuit par réflexe quand on se retrouve face à une bête sauvage, mais on n’identifie pas forcément l’ordinateur comme une cause d’anxiété. Alors que faire quand on sature? Quitter la pièce, tout simplement, s’étirer, se programmer un moment pour soi (un déjeuner avec un(e) ami(e), une visite d’expo qu’on a repérée depuis un moment, etc), ou fermer les yeux et écouter l’ensemble des bruits ambiants. L’idée, c’est de faire diversion : quand on est sous stress, on se focalise sur le stresseur; alors en reprenant conscience du reste, on réduit son emprise.

5/ Lâcher prise et prendre du recul

Lorsqu’on est confronté à une situation stressante, on a un choix : trouver une solution au problème, ou lâcher prise. Si par exemple le budget octroyé pour un projet est trop juste, le manager peut tenter d’obtenir une révision à la hausse, mais si ce n’est pas possible, c’est le moment pour le manager de revenir à sa responsabilité, et de ne pas tout prendre à sa charge : « Le budget est contraint, que puis-je faire avec ça ? J’ai besoin de plus de temps (par exemple) », tout en protégeant son équipe.

La sensation de surcharge, de procédures multiples et de reporting exponentiel , sont les principales causes de stress chez les managers. L’autonomisation de ses collaborateurs est essentielle pour tout le monde, car elle est valorisante et suscite l’engagement. Déléguer, laisser une marge de liberté sur le « comment » atteindre le résultat permet en conséquence au manager de passer plus de temps avec son équipe. Faire en sorte que les collaborateurs ne viennent plus voir leur manager au moindre problème est l’aboutissement d’une posture moins « coercitive », celle du manager coach

Il s’agit de troquer un peu de contrôle pour une dose de soutien…

Finalement, le premier stade pour ne pas se laisser submerger par le stress, c’est d’admettre que l’image du « super manager » qui peut tout gérer, tout contrôler, est un mythe. La résistance au stress du manager est alors indissociable de la qualité du lien avec son équipe.

 

Virginie David-Cosme