Devenir nouveau manager de ses anciens collègues

Devenir manager relève d’un saut de performance dans l’acquisition de compétences managériales et des soft skills. Cette progression de nouveau manager est rendue d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit de manager ses anciens collègues, voire ses amis, qui sont toujours des amis !

Les pièges du nouveau manager face à ses anciens collègues

Voici les principaux pièges qui attendent le nouveau manager face à d’anciens collègues et amis au travail.

La confusion des rôles et la perception du favoritisme

Les nouveaux collaborateurs peuvent avoir du mal à dissocier l’amitié de la relation professionnelle envers son nouveau manager, ce qui peut créer des tensions. Certains pourraient s’attendre à des traitements de faveur, tandis que d’autres pourraient percevoir le nouveau manager comme distant ou trop autoritaire. Dans la continuité, le nouveau manager peut sembler plus proche de certains membres de son équipe, les autres peuvent penser qu’il leur accorde des privilèges, même si ce n’est pas le cas.

Difficulté à donner des feedbacks constructifs

Même si l’art du feedback est loin d’être une pratique répandue y compris pour managers aguerris, le nouveau manager d’anciens collègues aura plus de mal à leur dire là où ils peuvent progresser dans leur travail. Il peut y avoir une hésitation à être direct, de peur de nuire à la relation personnelle.

Isolement du nouveau manager

Une fois devenu manager, la dynamique de groupe change. Le manager peut se sentir isolé de ses anciens collègues parce qu’il fait maintenant partie de la hiérarchie. D’autres peuvent être mal à l’aise d’avoir un ancien collègue comme supérieur par jalousie ou encore incompréhension du système qui nécessite d’avoir un responsable d’équipe.

Difficulté à déléguer ou à maintenir l’autorité

Avec ses anciens collègues, le nouveau manager pourrait avoir du mal à se faire respecter ou à déléguer des tâches si la relation personnelle prime. Les collègues peuvent aussi tenter de tester les limites du nouveau manager. « Tu ne vas pas me faire un entretien annuel quand même, on se voit tous les jours, on se connaît depuis plus de 10 ans ! ».

Pression émotionnelle

La charge émotionnelle est accrue quand on prend de nouvelles responsabilités managériales et d’autant plus si on manage ses anciens collègues. Par exemple, le nouveau manager pourrait ressentir de la culpabilité à devoir sanctionner ou faire des choix difficiles qui affectent des personnes qu’il apprécie.

Surmenage en voulant tout prouver

Et du coup, le nouveau manager se transforme en superman ou wonder woman. Il se doit de prouver qu’il mérite ce poste. Cela peut entraîner du surmenage en essayant de tout faire soi-même, plutôt que de faire confiance à l’équipe.

Les bonnes pratiques du nouveau manager face à ses anciens collègues (et amis !)

Il s’agit de certaines bonnes pratiques managériales à renforcer pour bien poser les limites, tout en gardant une forme de relation amicale.

Communiquer ouvertement et poser les bases dès le début

L’annonce de la promotion au poste de nouveau manager doit se faire par une autre personne que ledit manager pour sécuriser l’autorité. Dans l’idéal, le N+2 des anciens collègues. En revanche, c’est au nouveau manager de clarifier les attentes : attentes en termes de performance, d’objectifs et de communication et explication du soutien du nouveau manager auprès de l’équipe.

Établir des limites claires entre le professionnel et le personnel

Il est essentiel de mettre en place des frontières pour éviter toute confusion entre les relations amicales et professionnelles. Par exemple, éviter de discuter de travail en dehors du bureau lors d’occasions sociales avec les collègues et amis, espacer les interactions sociales purement amicales. On peut métacommuniquer sur les « casquettes » : là je prends la casquette de manager, là, je prends la casquette du collègue et ami… Et très important, faire preuve de neutralité et d’équité avec chaque membre de l’équipe.

Instaurer la confiance et la transparence

Au-delà d’encourager le dialogue comme dans toute relation managériale, le nouveau manager ira plus loin en prenant en compte les ressentis : Reconnaître que la transition peut être délicate pour certains collègues et amis. Être sensible à leurs préoccupations et montrer la compréhension des difficultés.

Miser sur un style participatif

Dans un premier temps, le nouveau manager gagnera à impliquer les anciens collègues dans la prise de décision pour leur donner un sentiment d’appartenance et de continuité. L’idée est aussi d’éviter de jouer au chefaillon au risque de très mal vivre sa prise de poste ! On peut être ferme et rester accessible en même temps.

Donner des feedbacks constructifs (y compris aux amis)

Comme il y a de l’enjeu, le nouveau manager prépare ses feedbacks : rester factuel, ne jamais critiquer en public, se concentrer sur les objectifs professionnels. Eviter l’indulgence et éviter le fait d’être trop strict.

Demander du feedback sur son propre management

En tant que nouveau manager, n’hésitez pas à demander un retour sur la façon dont vous gérez votre nouveau rôle. Cela montre que vous êtes ouvert à l’amélioration et que vous prenez en compte l’opinion de l’équipe, y compris des anciens collègues-amis.