L’intelligence émotionnelle , c’est la capacité à reconnaître, comprendre et réguler ses émotions ainsi que celles des autres. Elle repose notamment sur la compréhension des 4 émotions de base : la peur, la colère, la tristesse et la joie.
Ces émotions universelles sont présentes chez chacun de nous et ont toutes une fonction utile. En développant son intelligence émotionnelle, on apprend à les identifier, à les exprimer et à les transformer en leviers de performance, de bien-être et de communication efficace.
Intelligence émotionnelle et émotions de base
Qu’est-ce qu’une émotion ?
Une émotion est une réaction brève, intense et universelle face à un stimulus : une rencontre, regarder une photo, une situation professionnelle… Elle se manifeste à travers des sensations corporelles, des expressions faciales, des pensées et des comportements. Les émotions sont essentielles à notre survie : elles orientent nos décisions, signalent nos besoins et guident nos relations.
À la différence des émotions, les sentiments sont des expériences affectives plus longues, qui s’installent dans la durée et dépendent davantage de nos croyances et de nos interprétations. Par exemple, la peur ressentie lors d’un danger immédiat peut évoluer en anxiété durable, qui relève du sentiment.
Quelles sont les émotions de base ?
Les chercheurs n’ont pas toujours retenu le même nombre d’émotions universelles.
- Paul Ekman a identifié six émotions de base : joie, tristesse, peur, colère, surprise et dégoût.
- Robert Plutchik a élargi la classification à huit émotions primaires : joie, confiance, peur, surprise, tristesse, dégoût, colère et anticipation.
- Dans une approche simplifiée, quatre émotions primaires sont souvent retenues : la peur, la colère, la tristesse et la joie.
Ces différents modèles soulignent que les émotions sont universelles, présentes dans toutes les cultures, mais peuvent être catégorisées de manière différente.
Liste et classification des émotions
Au-delà des émotions primaires, il existe des émotions secondaires ou mixtes, issues de combinaisons. Par exemple, la joie associée à l’anticipation devient de l’optimisme, tandis que la peur et la surprise peuvent donner de la crainte.
La roue des émotions de Plutchik est une représentation visuelle précieuse : elle illustre les émotions de base et leurs variations d’intensité, ainsi que les émotions composites. Une liste d’émotions élargie peut également aider à mieux exprimer ce que l’on ressent au quotidien, au-delà des quatre fondamentales.
L’intelligence émotionnelle appliquée aux 4 émotions principales
L’intelligence émotionnelle de la peur
La peur est le signal d’un danger, d’une menace. Dans notre quotidien privé, nous allons généralement ressentir de la peur face à un agresseur, ou encore à une voiture ou un vélo qui nous fonce dessus sans nous avoir vu. La peur active alors deux comportements possibles : la fuite ou l’attaque, ceci afin d’éviter que le danger atteigne notre intégrité. Voilà l’utilité de la peur.
En entreprise, l’intelligence émotionnelle consiste dans un premier temps à identifier qu’on a peur. Sachant qu’elle est le signal du danger, il s’agit alors de repérer quelle est la nature de la menace et d’évaluer son niveau d’objectivité et de conséquences sur son intégrité. Peur de se faire virer ? Avec des raisons légitimes ?
L’intelligence émotionnelle de la peur active alors des mécanismes de réponse adaptés : commencer à chercher un nouvel emploi par exemple. Peur de ne pas atteindre ses objectifs annuels ? Evaluer la nature du danger et préparer les arguments qui montrent en quoi, dans le contexte actuel, il était difficile d’atteindre les objectifs…
L’intelligence émotionnelle de la colère
La colère, comme toutes les émotions, est noble et utile. L’intelligence émotionnelle de la colère est le signal de la frustration : ce que nous faisons ne fonctionne pas. Nous ne réussissons pas là où nous attendions à réussir… et nous éprouvons de la colère. Des cris, des noms d’oiseau sont prononcés dans un premier temps, voire une forme d’agressivité envers les autres (forcément un peu responsable de nos échecs). La colère est utile quand on a compris qu’elle invite à faire autrement ! Son intelligence émotionnelle se transforme alors en intelligence cognitive pour trouver des solutions qui vont nous faire surmonter / contourner les obstacles pour atteindre nos objectifs, que ces solutions soient individuelles ou collectives.
La colère est indispensable en entreprise où l’enjeu de bien faire notre job nous confronte à de multiples obstacles. Notez bien que lorsque la colère est décriée, c’est quelle revêt un caractère disproportionné chez untel ou untel. Le collaborateur bascule alors dans le côté dysfonctionnel de l’émotion (qui fera l’objet d’un autre article) mais là encore, un des leviers pour accompagner l’autre à réguler son émotion est avant tout de lui rappeler la fonction utile de la colère et en quoi il gâche cette fonction utile.
L’intelligence émotionnelle de la colère, qui rejoint la frustration, est également le signal d’un manque de respect profond pour qui nous sommes. En général, cela est davantage dû à une représentation qu’à une réalité objective. L’intelligence émotionnelle de la colère invite alors à adopter un dialogue constructif avec celui qui génère cette impression. En entreprise, nous aurons tout à gagner à identifier les origines de notre colère, à l’exprimer d’une manière mesurée vis-à-vis des autres (rien ne nous empêche d’acheter un puching ball chez soi), et à dialoguer ou trouver les solutions vers le chemin de la réussite.
L’intelligence émotionnelle de la tristesse
La tristesse est le signal de la perte. Dans la sphère privée, nous la connaissons bien quand nous faisons le deuil d’un être cher ou des séparations… Nous pleurons, nous manquons d’énergie. L’intelligence émotionnelle de la tristesse est de nous inviter à « digérer » la perte et cela passe obligatoirement par le repos imposé de notre corps et de notre esprit. La tristesse invite également à rechercher du soutien émotionnel, à pouvoir partager / exprimer sa perte.
En entreprise, on retrouve la tristesse et ses fonctions utiles. Perte d’un collègue / ami qui quitte l’entreprise, perte due à des changements organisationnels, d’habitudes de travail. Par exemple, pour certains d’entre nous, le télétravail est plutôt vécu comme une perte de relations sociales et de structuration que comme un gain d’autonomie et de liberté : il y a tristesse. Il est donc important de repérer sa tristesse et d’accepter le ralentissement cognitif et somatique qu’elle induit, parce que c’est un prérequis pour retrouver l’élan vital et revenir « en pleine forme ».
L’intelligence émotionnelle de la joie
La joie est l’émotion de la performance. L’intelligence émotionnelle de la joie est de nous montrer que ce que nous faisons fonctionne et nous épanouit. Elle invite à continuer dans le même sens, à « faire durer » et à partager les succès. L’intelligence émotionnelle de la joie est qu’elle est particulièrement bonne pour la santé et l’épanouissement personnel et professionnel : elle permet de secréter de la dopamine qui instille un cercle vertueux de bonheur et de réussite.
En entreprise, comme chaque émotion, la joie n’est malheureusement pas toujours valorisée à la hauteur de son utilité. Dans certains environnements, on se sent contraint de cacher sa joie alors qu’elle est légitime. Là encore, l’intelligence émotionnelle de la joie consiste à repérer ce qui nous met en joie, à partager ce qui a fonctionné pour nous et à « faire durer » le plus longtemps possible. Ne gâchez pas votre joie, montrez-là !
Les dimensions avancées de l’intelligence émotionnelle
Les compétences associées à l’IE
Daniel Goleman, chercheur reconnu dans ce domaine, a défini cinq piliers de l’intelligence émotionnelle :
- la conscience de soi
- la régulation de ses émotions
- la motivation
- l’empathie
- les compétences sociales
Ces compétences sont essentielles pour mieux communiquer, renforcer son leadership et améliorer la gestion des conflits.
Tests et mesures de l’IE
L’intelligence émotionnelle peut être mesurée à l’aide de tests validés scientifiquement :
- le MSCEIT (Mayer-Salovey-Caruso Emotional Intelligence Test), qui mesure la perception, l’utilisation et la compréhension des émotions ;
- l’EQ-i (Bar-On Emotional Quotient Inventory), qui évalue les compétences émotionnelles et sociales ;
- le TEIQue (Trait Emotional Intelligence Questionnaire), qui analyse l’IE comme un trait de personnalité.
Ces outils sont utilisés en recherche, en entreprise ou en coaching pour mieux cerner les compétences émotionnelles d’un individu.
Études et statistiques
Les recherches soulignent l’impact majeur de l’intelligence émotionnelle :
- 90 % des performeurs les plus efficaces au travail ont une intelligence émotionnelle élevée (Zoetalent Solutions).
- L’IE représenterait jusqu’à 80 % de la réussite professionnelle et personnelle.
- Le marché mondial de l’intelligence émotionnelle est en forte croissance, évalué à près de 868 millions de dollars en 2021 et attendu en hausse annuelle de 25 % d’ici 2030.
Ces données confirment que l’intelligence émotionnelle est un facteur clé de réussite dans le monde actuel.
Pour aller plus loin avec l’intelligence émotionnelle
Développer son intelligence émotionnelle, c’est apprendre à se connaître, à comprendre les autres et à améliorer la qualité de ses relations. C’est aussi un atout majeur pour renforcer son leadership, sa communication et sa gestion des conflits. Pour aller plus loin, il est possible de suivre une formation spécialisée, de consulter des ouvrages de référence comme ceux de Daniel Goleman ou de découvrir des outils de coaching dédiés.
L’intelligence émotionnelle n’est pas une compétence innée réservée à quelques-uns : c’est une capacité universelle que chacun peut développer au fil du temps. Elle est la clé pour mieux vivre ses émotions, transformer ses relations et réussir durablement.
L’intelligence émotionnelle est à la base de nombreux processus clés dans les organisations : de la communication interpersonnelle, aux qualités de leadership en passant par la gestion des conflits.
L’Intelligence Emotionnelle – niveau 2
2 jours
Juliette Ricou, coach professionnelle.