La définition classique du management transversal est de dire ce à quoi il s’oppose, à savoir le management hiérarchique. C’est vrai, mais en partie, car contrairement à ce qui se dit, le management transversal est loin d’être la définition d’une nouvelle pratique managériale. Elle fait partie de la définition d’une organisation performante et ne date pas d’hier.

Aux origines du management transversal, la définition de l’organisation matricielle.

L’organisation matricielle a fait son apparition aux États-Unis dans les années 1950. C’est la première organisation dans laquelle une définition du management transversal peut être donnée.

L’organisation matricielle part du principe que l’organisation par direction verticale ne répond pas à la complexité croissante de l’économie ni à la réalisation de produits complexes, comme un avion par exemple.

La définition de l’organisation matricielle croise une organisation verticale avec une organisation transversale. Par exemple, verticalement, la Direction Commerciale, la Direction de la production, etc. les Directions supports comme la DAF ou encore la DRH…Horizontalement, par exemple, la gamme de produits  (les différentes gammes d’avions d’une entreprise aéronautique pour reprendre l’exemple évoqué ci-dessus).

Dans l’organisation matricielle, un collaborateur a au moins deux responsables hiérarchiques : le responsable de la Direction verticale et le responsable de la Direction transversale auxquelles il est rattaché.

L’organisation matricielle a ou a eu beaucoup d’avantages en permettant plus de spécialisation de métiers qualifiés, un meilleur travail aux interfaces entre les directions verticales et une logique promouvant la chaine de valeur de l’entreprise.

Toutefois, l’organisation matricielle est de plus en plus abandonnée, notamment par les grandes multinationales (où l’on passe nécessairement d’une organisation matricielle à une organisation multidimensionnelle, par pays, etc.). C’est alors l’inverse de l’effet recherché qui se produit. Au lieu de gagner en efficacité, les collaborateurs sont tiraillés entre les ordres contradictoires de leurs différents managers hiérarchiques et passent leur temps à faire du reporting dans tous les sens, de 6h du matin à 6h du matin pour les entreprises sur lesquelles le soleil ne se couche jamais…

Qui fait du management transversal sans qu’aucune définition n’en soit donnée ?

Autre définition du management transversal qui ne date pas d’hier…

Les fonctions supports passent leur temps à faire du management transversal !

Un ou une DRH n’a de cesse de promouvoir la modernisation et l’homogénéisation des pratiques managériale dans les Directions et les services alors qu’elle n’a aucun pouvoir hiérarchique « sur » eux. On va dire qu’elle a un pouvoir « pour » le développement des collaborateurs et du management. Dans le meilleur des cas, c’est un directeur charismatique, qui sait influencer positivement. On peut utiliser le raccourci du directeur général, méga manager transversal, pour faire passer les messages auprès des autres directeurs… Et puis le scénario du pire, le DRH qui n’arrive pas à faire du management transversal et sa Direction se résume à la gestion de la paye…

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Bien entendu, les autres fonctions supports font aussi du management transversal. Comme on parle de performance économique et financière, ce sera plus facile pour un contrôleur de gestion d’imposer une autorité qui n’est pas hiérarchique… pour vous faire remplir vos feuilles de temps par exemple. Dans la continuité, les Achats, considérés comme stratégiques, donnent dorénavant lieu à des directions dédiées. Elles siègent au comité de Direction et font du management transversal en sensibilisant les clients internes dans l’homogénéisation de leur demande, dans le fait de commander via des contrats cadre et de ne plus aller acheter leur PC au magasin informatique du coin…

Enfin, les chefs de cabinet et autres chargés de missions rattachés à la Direction Générale sont le reflet même de la définition du management transversal. Parfois, ils ne sont même pas directeurs ni managers, tout en rapportant pourtant à la direction générale sur leurs activités transversales.

Bon alors, c’est quoi la vraie définition du management transversal ?

C’est une vision de l’organisation dans laquelle, au-delà du management hiérarchique vertical, il existe des activités transversales managées par des personnes dédiées.

Devenu un levier de performance au sein de l’entreprise, le management transversal concerne notamment :

  • La conduite de projets complexes, transversaux
  • Le management des processus transverses qui représentent la chaine de valeur de l’entreprise : plus les processus transverses sont performants, plus l’entreprise est performante.
  • Le travail en réseau (d’experts, de métiers…) facilité par l’évolution technologique des outils collaboratifs.

Contrairement à la définition classique du management transversal, les managers de ces activités peuvent avoir une équipe dédiée pour laquelle ils ont une autorité hiérarchique MAIS, pour atteindre leurs objectifs, ils doivent mobiliser des ressources dans les Directions verticales pour lesquelles ils n’ont pas d’autorité hiérarchique. En même temps que cela amène de la souplesse dans l’organisation et pour les collaborateurs, cela complexifie beaucoup leur métier de manager. Ainsi, pour passer de bonnes nuits de sommeil, mieux vaut être manager hiérarchique que manager transversal !

La définition du management transversal amène un pas de plus dans l’évolution de la gouvernance d’entreprise, pour plus de créativité, d’agilité, pour relever le défi de la complexité et du changement permanent. C’est un pas franchi vers l’organisation apprenante et c’est aussi un premier petit pas pour atteindre l’entreprise libérée dans laquelle le management hiérarchique n’a plus cours.