Qu’est-ce qui fait que des personnes intellectuellement brillantes échouent dans leurs relations et leur vie sociale ? Pourquoi des individus hautement qualifiés ont des difficultés à manager ou à collaborer au sein d’une équipe de travail ? La réponse est que ces personnes manquent d’un niveau critique d’intelligence émotionnelle. Elles n’ont pas la capacité à gérer leurs propres émotions et celles des autres, en particulier lorsqu’elles sont sous pression.

Exemple: Sandra vient d’être promue en interne.

Au départ, elle s’est sentie tout à fait satisfaite de cette reconnaissance, qui intervient suite à un projet compliqué qu’elle a su porter jusqu’au bout. Et il y avait déjà quelques temps qu’elle souhaitait évoluer sur un poste de management.

Cependant elle a vite senti le poids des responsabilités associées à ce nouveau challenge. Elle découvre une ambiance morose au sein de l’équipe de Recherche et Développement qui lui a été confiée. Il y a des conflits latents entre certains membres de son équipe. Les résultats ne sont pas au rendez-vous. Son nouveau N+1 l’a d’ailleurs prévenue : sans une amélioration nette des résultats sur l’année, la pérennité de certains postes sera remise en cause. Il compte sur elle pour remettre cette équipe en marche. Sandra réagit comme elle l’a toujours fait dans des circonstances difficiles : elle met toute son énergie dans le combat et porte avec courage les différentes priorités. Elle travaille énormément, sans écouter sa fatigue ni compter ses heures. Elle montre l’exemple, et ce comportement, ainsi que son expertise, motivent certains membres de son équipe.

Mais la majorité du groupe a du mal avec son niveau d’exigence et le peu de feedback positif qu’ils reçoivent.

Elle accorde peu d’attention ni de temps aux moments de détente de l’équipe, et son manque d’appétit pour les relations, qui intervient dans un contexte difficile pour l’équipe, fait qu’elle est globalement perçue comme « insensible » et « froide ». De plus en plus quand elle est assise seule à son bureau, Sandra se sent déprimée et dépassée. Elle est consciente qu’elle ne parvient pas à communiquer effectivement avec son équipe, à répondre adéquatement au niveau de leadership demandé.

Mais elle ne sait pas comment faire. Il faut bien aller les chercher ces résultats !

Sandra réagit selon un programme interne de type « sois fort », c’est-à-dire qu’elle adopte une façon de réagir face au danger qu’elle a intégrée depuis fort longtemps et qui lui a rendu service par le passé.

Les « sois fort » savent faire face à des circonstances difficiles, et restent imperturbables sous la pression. Ce sont également de gros travailleurs et ils ont un grand sens du devoir. Les « sois fort » sont sur représentés dans la population des managers, ce n’est pas un hasard ! Donc de nombreux points forts pour nos sois fort. Par contre sous stress, le sois fort a les défauts de ses qualités : il s’écoute peu et donc ne s’entend pas – c’est-à-dire qu’il a tendance à se fermer, à ne compter que sur lui-même. Son exigence importante peut friser l’intolérance. Ayant peu accès à ses émotions, il est inconfortable avec les émotions des autres – un collaborateur venant lui parler d’une difficulté l’importunera plus qu’autre chose, et il aura du mal à montrer de l’empathie. Le sois fort ne sait pas naturellement demander de l’aide, il doit apprendre. En fait il doit se reconnecter avec ses émotions et accepter d’être vulnérable.

C’est la condition pour pouvoir accéder à son intelligence émotionnelle et réagir avec plus de souplesse aux circonstances qu’il rencontre.

Développer son agilité émotionnelle en 4 étapes

L’agilité émotionnelle consiste à choisir comment nous allons répondre à notre système d’alerte émotionnel. Elle est la première étape dans notre cheminement de développement de l’intelligence émotionnelle.

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Lorsque tout va bien, lorsque nous vivons des réussites, et que nous éprouvons de ce fait des émotions positives, nous sommes en général plutôt ouverts et amicaux, et la relation avec nos émotions est facile ( encore que certaines personnes ont du mal à se connecter même avec des émotions positives…) Mais quand le temps se gâte, quand nous vivons du stress, quand nous rencontrons des problèmes, quand nous sommes engagés dans un conflit, nous nous fermons et nous replions sur nos mécanismes de défense, c’est-à-dire des automatismes comportementaux sensés nous protéger dans l’adversité. Ils sont nombreux et variés mais ils ont tous la même fonction : nous éviter de rencontrer nos émotions. Donc nous gelons nos émotions toujours dans cette quête illusoire du contrôle de soi. Mais plus nous cherchons à contrôler et plus le système dysfonctionne et se retourne contre nous. Nous perdons de ce fait, la liberté du choix de nos réponses. Et par voie de conséquence, une partie importante de nos ressources.

Etre conscient des moments où nous sommes en réaction est une façon très efficace de s’entraîner à devenir émotionnellement intelligents. Le simple fait de prendre conscience de nos automatismes va les désactiver et nous pourrons alors plus librement accepter nos émotions et celles de l’autre. Nos comportements défensifs nous renseignent sur ce que nous avons mis en place pour nous protéger- et amènent à la lumière ce qui est important pour nous.

Etape 1. Repérer les situations qui sont pour nous des déclencheurs, c’est-à-dire qui nous propulsent vers nos comportements automatiques de défense.

Quelques exemples de situations « sensibles » : gérer un conflit, faire face à une critique, gérer une frustration, s’affirmer face à une personne qui nous impressionne… Mais aussi prendre une décision, faire face à une situation nouvelle, à un problème…

Etape 2. Identifier nos automatismes comportementaux.

Souvent face à une situation difficile, nous nous enfermons dans les mêmes comportements automatiques sensés nous protéger. 
Souvenez-vous, et observez comment vous avez réagi la dernière fois que vous avez été confronté à une situation inconfortable : un conflit, une critique, etc. Votre réaction a -t’elle été l’attaque, la fuite, la fermeture, etc?

Etape 3. Ne pas se laisser embarquer dans son discours mental, se concentrer sur le ressenti.

Sentir l’impact physique de l’émotion dans le corps : cette seconde de centrage sur mon ressenti m’évite de partir dans mes rabâchages mentaux et mes jugements, propices à déclencher mes comportements automatiques.
En situation de stress la proximité avec votre propre ressenti vous évitera de tomber dans une réaction automatique.
Cette connexion prend le temps d’une respiration et pourtant elle peut tout changer.

De manière générale en situation difficile, il vaut mieux interrompre au plus tôt la chaîne d’associations négatives, et attraper notre ressenti en amont. Même les émotions intenses peuvent être atténuées par la conscience du corps. Lorsque nous nous relions uniquement à ce que nos émotions provoquent dans notre corps, elles se stabilisent et ne peuvent pas autant nous secouer.

Etape 4. Reconnaître nos émotions quand elles se présentent

Nommer, si je le peux, les émotions qui m’habitent. Cette habileté peut m’aider à sortir de la confusion émotionnelle. La recherche scientifique a prouvé que trouver des noms pour les ressentis désactive la partie du cerveau qui initie une réponse de stress. Cela peut nous apporter distance et perspective dans certaines situations.

Nommer peut nous permettre de rester en présence de cette émotion, de ne pas chercher à éviter une expérience que nous préférerions spontanément rejeter. Cette qualité de présence peut nous permettre de percevoir plusieurs émotions dans une situation, et les reconnaître nous aidera à sortir de la confusion.
Nommer les émotions est une autre façon de rester hors de ses ruminations. Cette pratique permet de les voir comme simplement des émotions qui passent et non pas d’être confondu avec elles.
En qualifiant plus justement ce que je suis en train de vivre, j’apporterai de la clarté à moi-même et aussi à l’autre: si je choisis de partager mon émotion, elle apparaîtra comme d’autant plus légitime que je saurai la qualifier de manière juste. De même, prendre la température de son émotion et mesurer l’intensité de l’émotion sur une échelle de 1 à 10, y compris quand je suis en train de la vivre, me permet de me distancier d’une émotion trop envahissante.

Le sens profond des émotions est d’être les porte-paroles de nos besoins. Les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont – tout comme nos besoins. Cette prise de conscience nous engage à accueillir aussi les émotions difficiles, car elles ont un sens: l’émotion difficile nous indique que notre équilibre n’est plus assuré, qu’un de nos besoins n’est pas satisfait; l’émotion est un moteur pour agir et satisfaire ce besoin.

En nous libérant de nos propres peurs, notre présence libère les autres. N. Mandela

Sylvie Sarda